La position des pays amis de la multifonctionnalité


Les pays amis de la multifonctionnalité constitués des pays de l’UE, la Norvège, la Suisse, la Corée et le Japon, estiment que l’agriculture remplit de multiples fonctions, outre la production de biens alimentaires et de fibres. Ces rôles découlent des spécificités du secteur agricole et du contexte sociologique, économique, historique et culturel dans lequel s’inscrit chaque agriculture. Tous reconnaissent donc la fonction de protection de l’environnement, de création ou de conservation des paysages, de sécurité alimentaire et de développement rural associé à l’activité agricole. Ce groupe de pays défend une position articulée sur deux grands arguments. Tout d’abord, le marché ne permet pas de réguler et d’influencer la production des biens publics, ni d’assurer leur bonne gestion. Ensuite, la définition du champ des biens publics relève de la configuration propre à chaque situation nationale, du rapport entre l’agriculture et l’ensemble de l’économie et de la société et, plus globalement, du projet politique et donc d’une question de souveraineté nationale. Ces pays s’insurgent d’une libéralisation trop profonde de l’agriculture qui, pour eux, ne manquerait pas de déstabiliser les secteurs agricoles les plus fragiles et d’entraver la satisfaction de ces objectifs liés à des considérations non commerciale, désormais reconnus. L’Union Européenne met en avant l’importance de maintenir l’agriculture en particulier dans les régions isolées ou périphériques dans lesquelles il existe peu de possibilités d’emploi, à la fois pour prévenir de la dépopulation et pour garantir un développement territorial équilibré. En effet, elle contribue à la viabilité des zones rurales les plus reculées ayant un faible potentiel de diversification ou de reconversion économique, en maintenant les populations dans ces zones et en fournissant des aménités paysagères, environnementales et culturelles. Il souligne aussi les conséquences négatives d’un abandon des zones sensibles sur l’environnement en termes de dégradation des sols, de perte de biodiversité et de disparition des paysages agricoles. La Norvège pour sa part, souhaite maintenir la production agricole pour conserver la biodiversité, menacée par les pratiques intensives et par l’abandon de terres marginales, et éviter l’exode rural. En effet dans la communauté rurale de ce pays, l’agriculture (en incluant les activités d’amont et d’aval) emploi, directement et indirectement, plus de la moitié de la population active locale et peu d’activités économiques offrent une alternative rentable. La Suisse elle, milite pour que l’agriculture (par une production répondant aux exigences du développement durable et du marché) contribue substantiellement à la sécurité de l’approvisionnement de la population ; à la conservation des ressources naturelles et l’entretien du paysage rural et à l’occupation du territoire. Ceci se justifie par la réforme de la politique agricole engagée par la confédération dans le but de passé d’une agriculture conventionnelle, à une agriculture intégrée ou biologique. Le Japon et la République de Corée quant à eux, mettent l’accent sur les multiples services environnementaux rendus par la culture du riz. En retenant les eaux de pluies à la surface, les rizières permettent de réduire l’érosion des sols, les risques d’inondations et de glissements de terrain. C’est fonctions défendus au titre de la multifonctionnalité, constituent pour ces pays amis de la multifonctionnalité, des justificatifs pour un soutien de l’activité agricole lors des négociations au sein de l’OMC. Ce secteur est donc jugée trop important pour ces pays pour qu’on laisse les seuls mécanismes du marché le réguler. De ce fait, une intervention de l’Etat est nécessaire en raison notamment de la nature de ces considérations autres que d’ordre commerciale, qui sont des externalités et des biens publics produits conjointement aux produits de base (de première nécessité). Pour ces pays amis de la multifonctionnalité, il faudrait prendre des mesures visant à promouvoir ces « considérations non commerciales ». Mais seulement, ces mesures concernent en majorité des aides ou soutiens couplés à la production de base, qui sont vivement rejeté par les opposants de la multifonctionnalité.


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